Mers et océans : un monde maritimisé
Les mers et océans attirent les hommes. Ils sont à la fois sources de richesses et portent en eux l'espoir de développement pour certains États. Mais ce sont aussi des espaces de conflits ou des territoires menacés. Quelle est la place des mers et océans dans la mondialisation ?
I. Mers et océans : des espaces attractifs
• Les mers et océans ont toujours présenté un intérêt pour les hommes : les littoraux sont des territoires convoités, aux densités de population élevées. Abritant la majorité de l'humanité, les littoraux sont composés à la fois de villes portuaires, d'espaces touristiques, de zones industrialo-portuaires.
• L'essentiel de ce que les sociétés produisent, transforment, consomment et vendent, que ce soient des matières premières, de l'énergie, des produits manufacturés, est transporté par la mer. 80 % des échanges mondiaux transitent par la mer : le transport maritime représente le moyen de transport le moins cher et le plus sécurisé pour les marchandises. Les littoraux industrialo-portuaires constituent des interfaces vitales pour le commerce mondial. Les marchandises et les hommes arrivent dans les ports, qui jouent le rôle de plate-forme ou de hubs.
• Les mers et océans sont aussi sources de richesses. Plus de 30 % des hydrocarbures (pétrole, gaz…) exploités dans le monde le sont en offshore, grâce à des plates-formes pétrolières ou gazières (mer du Nord, golfe Persique…).
II. Des espaces disputés
• Contrôler les mers est donc un enjeu vital pour la plupart des nations. Certains lieux de passage occupent une place stratégique pour le commerce mondial, comme le détroit d'Ormuz ou les canaux de Suez et de Panama. La sécurité de ces passages est le plus souvent une responsabilité internationale. Ainsi, le passage entre la mer Rouge et la mer Méditerranée, zone d'intense piraterie durant les années 2000, est devenu une zone sécurisée par des forces africaines locales et le concours des forces maritimes européennes (françaises, notamment).
• Espace de coopération, la mer et les océans sont aussi le centre de rivalités. Les querelles peuvent paraître symboliques, comme la dispute entre l'Iran et les États arabes autour de la dénomination du golfe Persique : l'Arabie saoudite et l'Irak veulent faire adopter le nom de « golfe Arabique » afin de faire reconnaître leurs intérêts dans ce passage stratégique. La Chine, les Philippines, Taïwan et le Vietnam se livrent à une rivalité dans la délimitation de leurs eaux territoriales en mer de Chine. Chacune des nations revendique notamment des îlots aux positions stratégiques afin de contrôler des passages et voies maritimes primordiaux pour leur approvisionnement ou le commerce mondial.
• Les ressources des fonds océaniques, encore mal connues aujourd'hui, présentent un aspect stratégique et vital pour certaines nations, qui n'hésitent pas à revendiquer une extension de leur ZEE (zone économique exclusive : espace maritime sur lequel un État exerce des droits exclusifs d'exploration et d'usage des ressources). Ainsi la Russie a-t-elle planté en 2007 un drapeau au fond de l'océan Arctique, revendiquant de cette manière la possession du pôle Nord, qui abriterait d'importants gisements pétroliers et miniers. On citera enfin le problème de la délimitation des zones de pêche, à l'image des disputes entre le Canada et la France dans les années 1990, qui firent appel à un tribunal arbitral.
III. Des espaces menacés
• Espaces de ressources, d'échanges, de communication, les mers et océans subissent la pression de la présence humaine. Ces espaces sont d'abord victimes des activités humaines terrestres avec le rejet des eaux polluées ou des déchets en mer menaçant l'équilibre écologique et la survie de la faune et de la flore dans les espaces côtiers. Au centre de l'océan Pacifique nord, les courants marins abritent sur des milliers de kilomètres carrés, un « continent » de déchets venus des côtes japonaises et nord-américaines. En mer, le dégazage (rejet de carburant) des navires, les marées noires causées par l'échouage de pétroliers ou les avaries sur les plates-formes offshore (explosion de Deepwater Horizon en 2010) sont parfois la cause de pollutions catastrophiques.
• La surexploitation des ressources halieutiques (poissons issus de la pêche) constitue un autre problème majeur. La pêche au chalut a entraîné une baisse importante voire une extinction de certaines espèces dans les eaux de surface obligeant les navires à pêcher dans des eaux plus profondes rompant une nouvelle fois l'équilibre des espèces. En Méditerranée, les États et l'Union européenne ont imposé des quotas afin de permettre à la faune de se régénérer (ex : pêche du thon rouge…).
• Le réchauffement climatique est un nouveau danger menaçant les océans. L'effet de serre, avec l'emprisonnement du carbone dans les océans, a pour conséquence une augmentation de la température des eaux. En Australie et dans certains atolls du Pacifique, les barrières de corail, très sensibles aux changements, meurent à cause de l'acidification des eaux et de la montée des températures. Or, ces milieux naturels constituent aussi un moyen de protection face aux tempêtes ou à la montée des eaux.
© 2000-2024, rue des écoles