Le territoire et la mondialisation aux États-Unis


Fiche

Les États-Unis font partie des États qui impulsent et dominent la mondialisation. En retour, la mondialisation produit sur le territoire américain de puissants effets spatiaux.
I. La mondialisation et la métropolisation
La population américaine est urbaine à 80 %. Mais ce taux d'urbanisation masque la domination des grandes villes et des grandes régions urbaines au détriment des petites et moyennes agglomérations.
La mégalopolis américaine, qui s'étend de Boston à Washington, en est l'illustration la plus frappante. Elle rassemble 55 millions d'habitants, soit 18 % de la population des États-Unis sur moins de 2 % du territoire. La moitié des 20 premières agglomérations du pays s'y trouvent concentrées. On y réalise 25 % du PNB américain et 90 % des transactions boursières. D'ailleurs, le tiers des sièges sociaux du pays y sont installés.
• Cette concentration toujours croissante de la population et des activités dans de grands centres urbains s'appelle la métropolisation. Dans le cadre d'une économie mondialisée, les centres producteurs de flux d'information et de décision tendent à se renforcer, notamment en raison des phénomènes de centralité, du fait de l'excellence de leurs connexions aux réseaux à haut débit, qu'ils soient autoroutiers, ferroviaires, aéroportuaires, maritimes et informatiques. Le reste du pays est en fait constitué de périphéries plus ou moins intégrées, au mieux dominées, au pire délaissées.
• Cette métropolisation, dont l'archétype est formé par les immenses Central Business District (CDB, quartiers centraux d'affaires), aux skylines impressionnantes, crée des villes verticales, qui se noient ensuite dans l'horizontalité de banlieues infinies. Les villes américaines (comme les villes australiennes) sont les plus étendues au monde.
II. La mondialisation et la littoralisation
• En raison de l'importance considérable prise par le transport maritime dans les échanges mondiaux de marchandises, et la croissance exponentielle du commerce mondial, les activités humaines tendent à se déplacer vers les littoraux ou à se créer sur eux : c'est la littoralisation. Les grandes façades maritimes sont ainsi les espaces les plus dynamiques, bénéficiant d'un avantage comparatif majeur sur les espaces intérieurs. Les États-Unis n'échappent pas à cette règle. Et ce d'autant moins qu'ils jouissent de deux, voire de trois façades maritimes.
• La façade atlantique est la plus ancienne. C'est l'interface par laquelle l'émigration européenne a jadis peuplé le Nouveau Monde ; c'est celle qui, aujourd'hui, offre le lien le plus direct entre deux pôles majeurs de la Triade (États-Unis et Union européenne), reliant également leurs deux mégalopoles.
• La façade pacifique, plus récente, mais dont le trafic a dépassé celui de la façade atlantique dès 1983, constitue de nos jours la première route commerciale de la planète. Il s'agit d'une interface active particulièrement dynamique car elle met en relation les États-Unis (et notamment leur État le plus important, la Californie) avec le troisième pôle de la Triade, le Japon, ainsi qu'avec les espaces en développement accéléré d'Asie orientale.
• Une troisième façade maritime peut être individualisée, celle du golfe du Mexique. D'importance plus restreinte, elle fait preuve, cependant, d'un grand dynamisme. C'est en effet l'interface maritime de la Sun Belt, un espace en forte croissance, avec, à l'est, la Floride (qui contrôle tout le tourisme de la zone caraïbe) et, à l'ouest, le Texas (avec ses activités high-tech, notamment aérospatiales avec Houston, mais également pétrolières, avec le pétrole prélevé offshore, dans le golfe du Mexique).
On comprend mieux pourquoi 52 % des Américains vivent dans les régions littorales.
III. L'essor des espaces transfrontaliers
• La mondialisation bénéficie également aux interfaces terrestres, le long des frontières. Ces interfaces sont d'autant plus actives que les économies sont interconnectées (les États-Unis et le Canada) ou complémentaires (États-Unis et Mexique). Ces espaces transfrontaliers connaissent un développement remarquable en raison de la perméabilité de la frontière aux marchandises et aux capitaux depuis la signature de l'ALENA (accord de libre-échange nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique) en 1994.
• Au nord, se développe une nouvelle mégalopole : Main Street America (Grande Rue américaine), une immense zone urbaine, du Michigan au Saint-Laurent, qui rassemble sur 3 000 km 16 % de la population américaine et les 2/3 de la population canadienne, soit un total de 65 millions d'habitants. Intensément industrialisées, ces deux régions développent aujourd'hui des dynamiques transfrontalières, dont les synergies permettent un remarquable développement des activités et des emplois.
• Au sud, c'est le différentiel de richesse qui crée la dynamique transfrontalière : les capitaux et les entreprises viennent des États-Unis, permettent l'installation au Mexique d'usines d'assemblage qui emploient la main d'œuvre mexicaine à bas coût, la production étant ensuite réexpédiée hors douanes vers le marché américain. C'est le système des maquiladoras.
Bien qu'illégale, l'immigration clandestine vers les États-Unis se poursuit à un rythme à peine ralenti par la militarisation de la frontière. Les populations de Latinos s'implantent dans tout le Sud américain, avec leur langue, leur culture, leurs usages, créant une région originale, la Mexamérique.
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