Sujet de métropole, juin 2024
Énoncé
Document 1 :
Témoignage d'une rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau en Pologne« Ginette Kolinka est née en 1925 dans une famille juive. Le 13 mars 1944, la Gestapo(1) l'arrête en France ainsi que son père, son petit frère de 12 ans et son neveu. Elle est déportée à Auschwitz-Birkenau. Elle est la seule de sa famille à revenir vivante de déportation. »
« Le soir, pour rejoindre nos baraques, nous défilions devant une rangée d'officiers, la tête tournée vers eux mais les yeux baissés. C'est la partie dangereuse. Ils sont à droite et, sur la gauche, se tient l'orchestre de femmes qui joue des airs entraînants pour le départ et le retour du travail. La musique militaire nous force à garder la cadence, même épuisées, à rester impeccablement alignées. Si l'une d'entre nous défaille ou sort du rang, du rythme, elle est frappée. Le passage en revue terminé, nous pouvons à nouveau nous traîner jusqu'aux baraques pour l'appel du soir, le pire de la journée. Il faut compter tout le monde, c'est-à-dire l'ensemble de Birkenau et pas seulement notre baraque. Combien sommes-nous ? 10 000 ? 15 000 ? Il faut recommencer, encore et encore. Des heures au garde-à-vous, gelées, tremblantes, épuisées. Je voudrais m'asseoir, m'écrouler, dormir, mais non : il faut rester debout et se tenir droite. Parfois, il y en a une qui tombe de fatigue ou de fièvre, son corps lourd comme un tronc manque de nous assommer. Vite se relever. »
« Dès que la kapo(2) est passée, je glisse mes mains sous les aisselles de la fille devant moi, pour me réchauffer. »
« Est-ce que le compte est bon ? Est-ce qu'ils se lassent ? On ne saura jamais. »
« Prenez un pain de mie, coupez-le en cinq, vous obtenez une tranche de pain de quelques centimètres d'épaisseur par personne. Ajouter une petite plaque de margarine. C'est le repas du soir, de tous les jours, de tout le monde. Pour certaines, les très malades, les presque mortes, c'est le maximum qu'elles peuvent avaler. Pour d'autres, c'est le minimum vital. »
Source : Ginette Kolinka, Retour à Birkenau, Grasset, 2020, pages 32-33.
Source : T. Bruttmann, S. Hördler, C. Kreutmüller, Un album d'Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes, Paris, Seuil, 2023, 304 pages. |
Document 1
1. Identifiez la nature et l'auteur de ce document.
2. Relevez trois passages du texte qui montrent différentes formes de violence que subissent les déportées.
3. Précisez à qui est confiée la surveillance des déportées dans le camp.
Document 2
4. Décrivez, à partir de la photographie, le processus de sélection des déportés à leur arrivée au camp.
Documents 1 et 2
5. Expliquez, à partir de l'exemple du camp d'Auschwitz-Birkenau, que les Juifs sont victimes d'un génocide.
Annexes
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