L'Europe en 1914
Fiche
Avant 1914, l'Europe est encore un continent riche et puissant, qui rayonne dans le monde entier. La guerre va tout bouleverser… Pourquoi les États européens sont-ils entrés en guerre ? Pouvaient-ils imaginer les conséquences de ce conflit ?
I. Une Europe riche et puissante
1. L'Europe au centre du commerce mondial
• Enrichie par la première et la seconde révolution industrielle, forte d'une population nombreuse et souvent instruite, l'Europe domine le commerce international. 40 % des échanges mondiaux sont réalisés entre les pays de la seule Europe, 37 % entre l'Europe et le reste du monde. Le Vieux Continent fonctionne comme une gigantesque usine, important des matières premières et exportant son textile et son acier.
• L'Europe contrôle l'ensemble des transports maritimes et tire d'importants revenus des capitaux qu'elle a investis à l'étranger. La conquête de nouveaux marchés exacerbe les rivalités entre Européens.
2. Une puissance politique incontestée
• Les États européens ne connaissent pas tous le même système de gouvernement : la Russie, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie maintiennent le pouvoir autoritaire de l'empereur, alors que la France et l'Angleterre vivent en démocratie. Ces deux grandes puissances ont conquis chacune un vaste empire colonial auquel elles imposent une soumission politique et économique. L'empire colonial britannique s'étend ainsi de l'Inde à l'Afrique et compte plus de 450 millions d'habitants. Ce partage du monde, qui assure la mainmise sur les matières premières, entraîne aussi des rivalités et des conflits latents.
II. Une situation très tendue
1. Les empires européens fragilisés
• Au sein des empires européens, des minorités nationales revendiquent plus ou moins violemment leur autonomie, voire leur indépendance. C'est le cas par exemple des Polonais dont le territoire a été annexé par les Russes et les Allemands. De la même façon, l'Empire austro-hongrois est affaibli par les revendications tchèques et slovaques. Enfin, les Balkans, soumis à l'Empire ottoman, font figure de poudrière, les Serbes étant soutenus par les Russes, les Turcs par les Allemands ; un conflit dans cette zone pourrait menacer les grandes puissances européennes.
2. L'exacerbation des nationalismes
• Les opinions publiques sont souvent très patriotiques, voire bellicistes. Les Italiens revendiquent la ville de Fiume, contrôlée par l'Autriche. Les Français entendent reprendre l'Alsace-Lorraine, annexée par l'Allemagne en 1870. Le mouvement pangermaniste rêve d'une « grande Allemagne », d'une expansion vers l'est. Toutes ces nations ne souhaitent pas explicitement la guerre, mais sont prêtes à l'accepter si leurs intérêts sont menacés.
III. La marche à la guerre
1. Un conflit inévitable ?
L'Europe de 1914 est divisée en deux camps par un système d'alliances.
• À partir de 1882, la Triplice ou Triple Alliance rassemble l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie (cette dernière n'est pas un partenaire très sûr en raison de ses vues sur Fiume).
• En 1907, la France, la Russie et l'Angleterre se rejoignent dans la Triple Entente.
• Menacée d'encerclement, l'Allemagne développe sa flotte de guerre ; la France réplique en 1913 en allongeant la durée du service militaire à trois ans. Chaque État pense que la meilleure façon de préserver la paix, c'est encore de préparer la guerre.
2. La crise de juillet 1914
• Suite à l'assassinat, par un Serbe, de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, à Sarajevo le 28 juin 1914, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. L'engrenage des alliances se met en jeu : la guerre est bientôt générale. Le mouvement pacifiste est divisé : l'assassinat du leader socialiste Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, élimine en France les derniers espoirs de paix.
• Partout, les peuples acceptent la guerre avec patriotisme et détermination, parfois avec enthousiasme : en août 1914, on pense encore que la guerre sera courte.
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