1963-1989 : la détente
Fiche
En 1962, avec la crise des fusées à Cuba, le monde est au bord du conflit nucléaire. Prenant conscience des risques d'une troisième guerre mondiale, les deux superpuissances amorcent une période de détente de leurs relations, non sans arrière-pensées. Comment les relations entre les deux grands ont-elles évolué depuis lors ? Doit-on parler d'un rapprochement progressif ou d'une victoire sans appel du bloc occidental ?
I. 1963-1975 : la détente
1. La normalisation des relations
• Au lendemain de la crise des fusées à Cuba, les relations est-ouest s'apaisent. Pour désamorcer les conflits ouverts entre deux puissances surarmées, une liaison directe, le téléphone rouge, est établie entre Moscou et Washington. Des accords sur l'armement nucléaire (traité de non-prolifération en 1968) ou sur le désarmement (SALT 1 en 1972) sont signés. En 1972, les deux Allemagnes se reconnaissent mutuellement. Le président américain Nixon se rend en Chine populaire. En 1975, les accords d'Helsinki entérinent les frontières de 1945 en Europe et proposent une coopération économique entre l'Est et l'Ouest.
2. Les limites de la détente
• Les deux grands s'affrontent indirectement dans les guerres périphériques comme celle du Viêt Nam (1964-1973) ou les conflits israélo-arabes de 1967 et de 1973. L'intervention soviétique contre le Printemps de Prague, en 1968, montre que le principe des zones d'influence n'est pas remis en cause : les Russes entendent conserver le contrôle de l'Europe de l'Est.
• Cette détente limitée ne s'explique que par l'affaiblissement relatif des deux grands : le modèle soviétique est contesté par la Chine, les démocraties populaires en Europe cherchent à s'émanciper ; la France quitte le commandement militaire intégré de l'OTAN en 1966, et la RFA tente, à partir de 1969, un rapprochement avec la RDA (l'Ostpolitik du chancelier ouest-allemand Willy Brandt) que les États-Unis désapprouvent ; enfin, les retards économiques et scientifiques de l'URSS d'une part, l'importance du déficit budgétaire américain, d'autre part, obligent les deux grands à ralentir la course aux armements, d'autant plus qu'à partir de 1975 les Soviétiques parviennent enfin à la parité nucléaire stratégique avec les États-Unis.
II. 1975-1985 : la « guerre fraîche »
1. De nouvelles avancées soviétiques
• À la fin des années 70 cependant, l'influence de l'URSS gagne du terrain en Extrême-Orient (Viêt Nam, 1975 ; Cambodge, 1978), en Afrique (Angola, 1975 ; Éthiopie, 1977), en Asie centrale (Afghanistan, 1979) et en Amérique latine (Nicaragua, 1979). Humiliés par une prise d'otages dans leur ambassade à Téhéran (1979), après le renversement du shah d'Iran, leur principal allié dans la région, par une révolution islamique, les Américains sont sur la défensive.
2. La réaction américaine
• L'élection de Ronald Reagan (1980) annonce la réaction des États-Unis : « America is back » (« l'Amérique est de retour »), déclare le nouveau président, qui fustige « l'empire du mal » qu'est l'URSS. Le budget militaire est accru, les marines débarquent sur l'île de Grenade (1983) pour empêcher l'établissement d'un régime marxiste, la course aux armements est relancée. Les États-Unis soutiennent les résistances aux régimes communistes : au Nicaragua, par exemple, ils aident la guérilla hostile au gouvernement.
• Reagan lance un projet de « bouclier spatial » capable de protéger les États-Unis de toute attaque nucléaire. Cette initiative de défense stratégique, immédiatement baptisée « guerre des étoiles », est un défi technologique et financier (100 milliards de dollars) que l'URSS ne peut pas relever.
III. 1985-1990 : la fin de la guerre froide
• Malgré ses avancées, l'URSS s'épuise. Elle s'enlise dans une guerre sans fin en Afghanistan et peine à contrôler les dissidences en Europe. En Pologne, le syndicat libre Solidarnosc ébranle le régime. Le système soviétique, surtout, ne parvient plus à répondre aux besoins agricoles, technologiques et économiques du pays.
• Le nouveau dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev (1985-1991), tente des réformes, la perestroïka (la « reconstruction » ou la « restructuration »), pour libéraliser l'économie, et la glasnost (la « transparence »), pour rétablir les libertés politiques. Le ton adopté à Moscou favorise la reprise du dialogue. Les négociations sur le désarmement aboutissent à des accords de réduction des arsenaux nucléaires (traité de Washington, 1987).
• Les Soviétiques se retirent d'Afghanistan en 1989 et abandonnent la « doctrine Brejnev » d'intervention militaire dans les pays frères : presque immédiatement, les régimes communistes d'Europe de l'Est s'effondrent les uns après les autres. L'URSS elle-même n'échappe pas aux bouleversements. Elle est dissoute en 1991 après la déclaration d'indépendance de quinze Républiques.
• Avec la disparition de l'un des deux adversaires, la guerre froide s'achève. Si l'opposition des deux grands fut violente et radicale, les États-Unis semblent désormais imposer leur modèle de société.
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