Une guerre d'anéantissement


Fiche

La Seconde Guerre mondiale est différente des guerres qui l'ont précédée. En effet, ce n'est pas seulement une guerre qui sert des buts politiques, il s'agit également d'une guerre idéologique, menée contre les races inférieures pour les nazis et menée contre le nazisme, le fascisme ou l'impérialisme nippon pour les Alliés. Finalement, pour chaque camp, il s'agit d'une lutte entre le bien et le mal. Cette opposition idéologique, presque essentielle, engendre une utilisation illimitée de la violence.
I. Un affrontement sans limite
• Les armements utilisés sont les plus modernes jamais conçus : l'usage de l'aviation, en particulier, a fait d'énormes progrès depuis la Première Guerre mondiale ; les chars, utilisés seulement à partir de 1918, sont également devenus de redoutables machines de combat ; la bombe atomique, enfin, constitue l'aboutissement ultime de ces armes de dernière génération.
• Les pertes militaires résultant des grandes batailles d'anéantissement sont colossales : 1,75 million pour le Japon, 3,5 millions pour l'Allemagne, 4 millions pour la Chine et 8,6 millions pour l'URSS ! Ces chiffres incluent les morts au combat, mais aussi les prisonniers de guerre alliés, que les forces de l'Axe, dans l'irrespect absolu du droit de la guerre, ont fait périr par centaines de milliers, de faim, de froid, d'épuisement ou même ont assassinés.
• Nouveauté majeure, cependant : les militaires ne sont plus les seules victimes de la guerre. Les populations civiles ont été systématiquement ciblées, d'un côté comme de l'autre : populations chinoises massacrées par les Japonais (massacre de Nankin, en 1937), villes anglaises bombardées par la Luftwaffe pendant la bataille d'Angleterre (Coventry, le 14 novembre 1940), stratégie alliée du « tapis de bombes » sur les villes allemandes ou japonaises (destruction totale de Dresde en deux jours, du 13 au 15 février 1945), bombardements nucléaires contre le Japon, enfin, les 6 et 9 août 1945. Dans les zones occupées par les forces de l'Axe, les populations civiles servent d'otages contre les faits de résistance, d'autres sont déportées ou assassinées (Oradour-sur-Glane). Sur le front de l'est, les soldats de l'Armée rouge massacrent les hommes et violent les femmes systématiquement.
II. Crimes de guerre et génocides
• Les forces de l'Axe sont responsables de crimes de guerre, dont certains ont été qualifiés de « crimes contre l'humanité », une catégorie née précisément en 1945 pour juger les criminels de guerre nazis.
• L'antisémitisme nazi s'est déjà exprimé avant la guerre, en Allemagne. La guerre provoque son déchaînement : les Juifs d'Europe sont enfermés dans des ghettos (ghetto de Varsovie), où ils sont souvent laissés sans approvisionnement et meurent de faim. À partir de juin 1941 (invasion de l'URSS), des commandos SS suivent les armées et mettent en œuvre une politique de nettoyage ethnique. Les Einsatzgruppen (groupes d'intervention), souvent avec la complicité des populations locales, massacrent les Juifs, en les fusillant en masse avant de les faire disparaître dans des fosses communes, ou sur des bûchers : c'est la Shoah par balle.
• Les nazis ont mis en œuvre, à partir de 1942, une politique très soigneusement préparée de « destruction des Juifs d'Europe » : la « solution finale », dite aussi la Shoah (en hébreu, la « catastrophe »). À travers toute l'Europe occupée, selon une organisation méthodique, les Juifs sont acheminés vers des usines à tuer, les camps d'extermination : conduits par train, dans des conditions épouvantables, triés, gazés dans des chambres à gaz camouflées en salles de douche, puis brûlés dans des fours crématoires. Entre 5 et 6 millions de personnes ont ainsi été assassinées. Les Tziganes, également ciblés par les nazis, ont perdu le tiers de leur population, soit 250 000 personnes, dans les camps de la mort.
Une guerre d'anéantissement - illustration 1
• Les crimes de guerre de l'armée japonaise entre 1937 et 1945 sont beaucoup moins bien connus, mais n'en sont pas moins réels. Les estimations de civils asiatiques ou prisonniers de guerre assassinés ou massacrés varient de 3 à 10 millions, avec une moyenne vraisemblable à 6 millions. On peut citer le massacre de Nankin, en 1937, où l'armée impériale massacra 260 000 personnes civiles en quelques semaines. L'armée japonaise livra également à la prostitution forcée, ou plus exactement à l'esclavage sexuel, des femmes asiatiques, appelées « femmes de réconfort » pour les soldats : on estime leur nombre à 200 000. Les Japonais pratiquèrent la torture, les expériences médicales, chimiques ou bactériologiques sur des êtres humains (comme dans les camps nazis) et même le cannibalisme.
III. Un bilan effroyable
• La Seconde Guerre mondiale présente un effroyable bilan, en nette augmentation sur la précédente. On estime le nombre de morts entre 50 et 60 millions. Parmi eux, plus de la moitié sont des civils, victimes des combats, des bombardements, mais aussi des massacres et des génocides. Un degré encore inconnu de violence de masse a été atteint.
L'Europe et la Chine sont les zones les plus touchées. L'Allemagne a eu 5,5 millions de tués, la Chine 20 millions, l'URSS presque 25 millions. En proportion, les chiffres sont encore plus effarants : la Yougoslavie a perdu 10 % de sa population, l'URSS 14 %, la Pologne 18 %.
• Surtout, les crimes de guerre et les génocides (contre les Juifs, contre les Tziganes) marquent la conscience mondiale. Les procès de Nuremberg et de Tokyo jugent les criminels de guerre nazis et japonais, définissant ainsi pour la première fois la notion de crime contre l'humanité. Une humanité qui vit désormais sous la menace nucléaire, c'est-à-dire d'une arme capable, pour la première fois dans l'histoire, de détruire la race humaine dans sa totalité.
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