Le rayonnement mondial de l'Union européenne et ses limites
Fiche
Pôle de la Triade, l'UE est une puissance qui s'exprime à l'échelle régionale et mondiale.
I. La puissance de l'UE à l'échelle régionale
• La puissance de l'UE s'étend à l'échelle régionale, sur le reste du continent européen, mais aussi sur l'Asie et l'Afrique. Son influence est importante sur le plan commercial, mais aussi financier, via les IDE (investissements directs à l'étranger). Enfin, l'UE tente de promouvoir les valeurs de démocratie et des droits de l'homme. Son soft power est réel, quoique nettement inférieur à celui des États-Unis.
• La politique européenne de voisinage (PEV), entamée en 2004, à la suite de l'élargissement de l'UE vers l'Europe orientale, concerne les pays qui n'ont pas vocation à entrer dans l'UE : conçue pour les pays européens de l'ex-URSS (Russie comprise), elle a été étendue aux pays du Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan), puis aux pays de la Méditerranée, avec l'Union pour la Méditerranée (Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Tunisie, Syrie). Elle renforce le dialogue au niveau politique ainsi que les relations commerciales et économiques. La PEV concerne seize pays au total.
• Les différents élargissements attestent également l'attraction régionale de l'UE. À ce jour, quatre pays sont candidats : Turquie, Macédoine, Monténégro et Islande. Certains bénéficient déjà d'accords de stabilisation et d'association, destinés à préparer une adhésion réussie. Le 1er janvier 2013, la Croatie devient le 28e membre de l'Union. La Turquie est le seul pays dont la candidature génère craintes et blocages : il s'agit d'un pays massivement musulman, dont l'identité européenne est sujette à caution et qui entretient des contentieux historiques (génocide arménien) ou géopolitiques (Chypre nord).
II. La puissance de l'UE dans le monde
• Avec les autres membres de la Triade (États-Unis et Japon), l'UE domine l'économie mondiale. L'agriculture européenne est l'une des plus productives au monde, la 2e mondiale en terme de production, et est fortement exportatrice.
• Les entreprises européennes sont leaders dans des secteurs comme les assurances ou l'automobile. Elles sont également compétitives dans les industries de haute technologie, comme l'aéronautique ou la pharmacie. On compte environ 120 entreprises européennes dans les 500 premières mondiales.
• L'UE réalise 42 % des investissements directs à l'étranger dans le monde, loin devant les États-Unis et la Chine. Les places boursières de Paris ou de Francfort, mais surtout de Londres, figurent parmi les plus importantes au monde. L'euro est apparu un temps comme un concurrent du dollar. Enfin, l'UE est la 1re puissance commercialedu monde, avec 37,5 % des échanges mondiaux de marchandises.
• Au total, l'Union européenne apparaît encore comme le plus grand centre de richesse mondiale. Mais les évolutions récentes tendent à remettre en question sa puissance économique et limitent son rayonnement mondial.
III. Les limites de la puissance de l'UE
• Le hard power européen n'est pas à la hauteur de ses ambitions mondiales et de son poids économique dans les domaines diplomatique et militaire : en effet, si le traité de Maastricht, en 1992, a institué une politique étrangère et de sécurité commune (PESC), ses résultats sont médiocres, en raison du souverainisme des États dans ce domaine particulier. Les positions des États membres sont donc souvent différentes, parfois contradictoires. Faute de parler d'une seule voix, l'UE n'est donc qu'un pion sur l'échiquier mondial, souvent bailleur de fonds, rarement décideur. Finalement, les grandes initiatives diplomatiques sont encore le fait des puissances nationales, France et Royaume-Uni pour l'essentiel, qui sont membres permanents du Conseil de sécurité, alors que l'UE ne l'est pas.
• Les traités de Nice et de Lisbonne ont mis en place une politique de sécurité et de défense commune (PSDC). L'UE intervient ainsi dans de multiples opérations de maintien de la paix ou de formation militaire dans le monde (Irak, Bosnie, république démocratique du Congo, Afghanistan, Kosovo, Tchad). Mais la puissance militaire de l'UE semble compromise : l'UE et les membres qui la composent sont les seules puissances dans le monde où les budgets militaires sont en réduction drastique. Alors que les grandes puissances mondiales manifestent un impérialisme évident (États-Unis, mais aussi Chine, puissance montante), l'UE semble se cantonner à un maintien du statu quo. Plus encore qu'une force militaire en voie d'affaiblissement, c'est le défaut de volonté politique qui fait son impuissance internationale.
• Enfin, la puissance de l'UE paraît considérablement affaiblie par la situation catastrophique de ses finances publiques, que traduit l'actuelle crise des dettes souveraines. Dans la plupart des pays d'Europe occidentale et méridionale et à l'exception des pays d'Europe du Nord, les déficits budgétaires sont structurels ; les endettements, abyssaux, approchent ou dépassent les 100 % du PIB (85 % en France, 160 % en Grèce avant le défaut partiel du pays face à ses obligations) ; les systèmes bancaires nationaux sont lourdement endettés eux aussi et font peser sur les populations un risque systémique permanent ; les systèmes sociaux créés au temps de l'abondance (Trente Glorieuses) sont à présent incapables de s'autofinancer et rencontrent d'énormes difficultés à se réformer par tant il est difficile, pour les gouvernants comme pour les gouvernés, de revenir sur ces acquis. Sauf sursaut, le déclin est à craindre.
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