L'Europe, une histoire de valeurs communes

•  L'histoire politique de l'Europe est une histoire divisée : la guerre est une constante sur le continent européen jusqu'à nos jours. L'histoire culturelle, en revanche, présente de nombreux traits communs à toute l'Europe. Malgré la grande diversité des langues et des cultures, les principaux courants artistiques n'ont pas connu de frontières : arts roman et gothique, Renaissance, baroque et classicisme, romantisme, etc. Certaines évolutions culturelles ou économiques ont été déterminantes pour l'ensemble de l'Europe, même si chacune a ses limites.

•  La civilisation romaine, et, à travers elle, la civilisation grecque, a marqué tous les territoires conquis par Rome et a souvent servi de modèle aux peuples barbares. L'alphabet le plus employé en Europe est aujourd'hui l'alphabet latin.

•  L'Europe tout entière a été christianisée, là encore à partir de l'Empire romain. Les chrétiens sont aujourd'hui encore majoritaires en Europe, mais l'islam y est aussi présent : populations musulmanes dans les Balkans depuis le XIV^e siècle, musulmans d'Europe occidentale issus d'une immigration récente. De plus, la religion n'est pas forcément un facteur d'unité : les affrontements ont été nombreux entre les trois grandes confessions chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et protestantisme).

•  Les idées humanistes de la Renaissance (XVI^e siècle), celles des Lumières (XVIII^e siècle), puis de la Révolution française (1789), ont été reprises sur l'ensemble du continent par des mouvements politiques progressistes. Mais certains de ces mouvements ont ensuite évolué vers le nationalisme, qui est la principale cause des conflits en Europe à partir du XIX^e siècle.

•  En matière économique, enfin, l'Europe a été le premier continent industrialisé, au XIX^e siècle. L'industrie a permis l'élévation du niveau de vie, même si d'importantes inégalités persistent encore entre pays européens et à l'intérieur de chaque pays.

•  L'histoire a donc été à la fois un facteur d'unité et de division. Mais la volonté de défendre ensemble des valeurs communes se manifeste en Europe à partir de 1945. Elle provient du rejet des totalitarismes et du désir d'établir enfin, après deux guerres mondiales, une paix durable. Les valeurs en question appartiennent surtout à l'héritage de l'humanisme des Lumières et de la Révolution française, mais sont aussi nées de la lutte contre les inégalités dans les sociétés industrielles :

• démocratie ;
• règlement pacifique des différends entre pays, par la négociation ou l'arbitrage ;
• protection des droits naturels fondamentaux de l'Homme, y compris les droits-créance économiques et sociaux ;
• laïcité de l'État, refus des discriminations et respect de la tolérance.

•  Dans un premier temps, la reconnaissance de ces valeurs ne concerne que l'Ouest de l'Europe.
On y crée :

• en 1949, le Conseil de l'Europe, spécialisé dans la défense des droits de l'Homme ;
• en 1957 (traité de Rome), la Communauté économique européenne (CEE) devenue en 1992 (traité de Maastricht) l'Union européenne.

•  L'Est de l'Europe est alors dominé par des régimes à parti unique appelés " démocraties populaires ", qui ne reconnaissent pas les mêmes valeurs. À partir de 1975 (accords d'Helsinki), cependant, ils s'accordent avec l'Ouest sur certaines d'entre elles, notamment la défense de la paix. On crée alors la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE, devenue l'OSCE parce qu'elle a pris le titre d'organisation), dont presque tous les pays d'Europe sont membres. Après la chute des régimes à parti unique (1989-1990), les États d'Europe centrale et orientale sont, pour la plupart, devenus de véritables démocraties et ont adhéré au Conseil de l'Europe. Dix d'entre eux ont adhéré à l'Union européenne en 2004, d'autres sont candidats à cette adhésion.

•  Aujourd'hui, pourtant, l'Europe est confrontée à des remises en cause de ses valeurs :

• réapparition de conflits dus au nationalisme ou à l'intolérance religieuse (Bosnie de 1992 à 1995, Kosovo en 1999) ;
• question de la place en Europe de la Russie, qui, vis-à-vis de ses minorités, a une politique contraire aux droits de l'Homme.