L'ouverture atlantique : les conséquences de la découverte du « Nouveau Monde »
Fiche
Les xve et xvie siècles sont des périodes importantes dans l'histoire du monde car elles voient la naissance d'une première mondialisation. Des échanges existaient déjà entre les continents, mais ils vont se multiplier.
À cette époque, plusieurs centres puissants dans le monde sont au cœur de ce processus : la Chine des Ming en Asie, les empires aztèque et inca en Amérique, le monde musulman de l'Afrique du Nord et de l'Empire ottoman (jusqu'en Europe orientale), les royaumes de l'Europe occidentale chrétienne. Ce sont finalement les Occidentaux qui vont prendre l'avantage, en partant à la découverte des autres continents, et développer tout un réseau d'échanges et d'interconnexions, d'abord avec les Amériques aux xve et xvie siècles, mais aussi avec l'Asie et l'Afrique.
L'expansion européenne entraîne plusieurs conséquences : la découverte par les Occidentaux d'autres peuples et d'autres cultures, une ouverture au monde symbolisée par des cartes de plus en plus précises ; l'émigration d'aventuriers et de colons européens vers d'autres continents qu'ils vont commencer à européaniser en imposant leurs valeurs, leur culture et leurs croyances aux peuples dominés.
À cette époque, plusieurs centres puissants dans le monde sont au cœur de ce processus : la Chine des Ming en Asie, les empires aztèque et inca en Amérique, le monde musulman de l'Afrique du Nord et de l'Empire ottoman (jusqu'en Europe orientale), les royaumes de l'Europe occidentale chrétienne. Ce sont finalement les Occidentaux qui vont prendre l'avantage, en partant à la découverte des autres continents, et développer tout un réseau d'échanges et d'interconnexions, d'abord avec les Amériques aux xve et xvie siècles, mais aussi avec l'Asie et l'Afrique.
L'expansion européenne entraîne plusieurs conséquences : la découverte par les Occidentaux d'autres peuples et d'autres cultures, une ouverture au monde symbolisée par des cartes de plus en plus précises ; l'émigration d'aventuriers et de colons européens vers d'autres continents qu'ils vont commencer à européaniser en imposant leurs valeurs, leur culture et leurs croyances aux peuples dominés.
I. Une Europe qui cherche de nouvelles routes maritimes pour développer ses échanges
1. Le temps des grands explorateurs
• Au xve siècle, l'Europe catholique cherche de nouvelles routes commerciales contournant l'obstacle du monde musulman. En effet, elle a terminé la reconquête de l'Espagne musulmane par la prise de Grenade en 1492, mais a échoué devant la résistance musulmane en Afrique du Nord.
• C'est un petit continent divisé politiquement en plusieurs royaumes qui cherchent à affirmer leur pouvoir et contrôler davantage d'espace. Héritiers de la période des croisades, ils ont aussi une motivation religieuse : étendre la foi chrétienne.
• Mais la religion n'explique pas à elle seule la recherche de nouvelles routes maritimes : au xve siècle, l'Europe est en pleine croissance économique et démographique. Le goût pour le sucre et les épices se répand et un besoin d'or se fait de plus en plus sentir dans ce contexte de croissance des échanges commerciaux pour lesquels le précieux métal s'avère plus qu'utile.
• Les expéditions du roi du Portugal vers le Maghreb n'avaient pas seulement pour but de trouver le mythique royaume du prêtre Jean et de répandre la foi catholique : elles devaient aussi sécuriser l'accès aux routes commerciales de l'or venant d'Afrique. Devant l'échec de l'opération, l'idée de contourner le monde musulman en passant par l'océan Atlantique s'impose, d'autant plus que les royaumes ibériques ont développé la culture de la canne à sucre dans les îles atlantiques des Açores et des Canaries. L'Europe va donc lancer ses explorateurs vers l'Atlantique.
• L'Europe occidentale chrétienne possède un avantage sur les grands empires qui auraient pu jouer un rôle important dans cette mondialisation : si elle connaît une unité culturelle, religieuse, et économique, elle est aussi le lieu de divisions politiques. Les commerçants et les explorateurs vont savoir jouer de ce polycentrisme (plusieurs États puissants, aucun ne dominant vraiment les autres) et lorsqu'un État s'oppose à leurs projets d'exploration, ils s'adresseront à un autre, si possible concurrent. Par ailleurs, les divisions politiques entre grands royaumes permettent aux petites cités-États marchandes (de l'Italie du Nord aux Flandres) d'être autonomes et de développer leurs politiques commerciales.
• En Asie, la Chine a, elle aussi, lancé des expéditions gigantesques pour commercer et signer des alliances avec les royaumes du Pacifique ouest et de l'océan Indien. À partir de 1405, plus d'un demi-siècle avant les explorateurs portugais, les « Flottes des trésors » de l'amiral Zheng He explorent l'océan Indien jusqu'au golfe Persique et la côte orientale de l'Afrique. Mais, après la mort de Zheng He, la Chine des Ming semble renoncer à ces expéditions. Elle renforce un commerce maritime avec l'Asie du Sud-Est, mais se fermera aux Européens à partir de 1433.
• Ces derniers vont prendre le contrôle des grandes routes maritimes mondiales.
2. Des royaumes ibériques concurrents
• Grâce à leur expérience au Maghreb et dans les îles atlantiques (Madère, Açores, Canaries), ce sont les Portugais qui prennent d'abord l'avantage.
• Les Européens n'ont pas encore de cartes détaillées du monde : ils vont les dessiner au fur et à mesure de l'avancée de leurs explorations. Au Portugal, à Sagres, Henri le Navigateur fonde un véritable centre de recherche avec des savants et cartographes venus de toute l'Europe pour aider à la découverte de nouvelles routes maritimes.
• Le savoir portugais leur permet d'atteindre le golfe de Guinée et de rencontrer des populations jusque-là inconnues. En 1487, Bartolomeu Dias passe le cap de Bonne-Espérance. Les Portugais commercent directement l'or qui passait auparavant par le Sahara. En 1497-1499, Vasco da Gama va jusqu'en Inde. Les Portugais contrôlent alors le commerce des épices (poivre, cannelle, girofle, gingembre…) au détriment de l'alliance économique des Vénitiens et des Turcs. À partir des années 1570, ils fondent des plantations au Brésil et y cultivent la canne à sucre.
• L'autre grande puissance exploratrice de cette période est l'Espagne. Le Génois Christophe Colomb n'a pas convaincu les savants et le roi portugais qui, forts de leur savoir, trouvent son projet trop hasardeux. Il va donc se tourner vers le roi et la reine de Castille qui le soutiennent après beaucoup d'hésitations. Il obtient ainsi l'autorisation de faire voile vers l'ouest, où il doit prendre possession des terres découvertes pour le roi d'Espagne, avec les titres d'« amiral de la mer Océane » et de « vice-roi des terres à découvrir ». Il doit trouver une partie du financement de son expédition.
• Il atteint en 1492 les îles Bahamas, Cuba et Saint-Domingue (les « Indes » selon lui). Il fera ensuite trois expéditions vers les Amériques en ramenant des soldats et des missionnaires : la conquête est à l'ordre du jour, même si la première expédition n'a pas rapporté l'or espéré.
• Cette découverte, comme celles des Portugais, est favorisée par l'utilisation de bateaux de petit tonnage : les caravelles. Des technologies plus anciennes, comme le gouvernail d'étambot (xie siècle), sont également utilisées.
• En 1494, le pape départage les deux grandes puissances maritimes et fixe la ligne délimitant les deux empires à 2 000 kilomètres au large du cap Vert : c'est le traité de Tordesillas.
• La papauté voit dans les empires un bon moyen d'évangéliser les populations découvertes.
3. D'une « planète démesurée à une planète finie » (Jean Meyer)
• Le Portugais Cabral arrivera au Brésil en 1500. Les Espagnols aussi continuent d'explorer le continent américain. Au xvie siècle, c'est au tour des Français et des Anglais de se rendre en Amérique du Nord.
• Il faudra compléter le traité de Tordesillas en 1529 (traité de Saragosse) après le tour du monde du Portugais Magellan (qui est tué en route) entre 1519 et 1522.
• Les cartes européennes du Moyen Âge étaient parmi les moins complètes du monde. Les Européens voyaient la Terre comme un espace fini avec des animaux mythologiques. Ils rêvaient de contrées mythiques. Avec les grandes découvertes, ce regard est totalement dépassé en même temps que le monde et ses richesses (économiques, culturelles) s'ouvrent à eux.Exercice n°1Exercice n°2
II. Une Europe au cœur de la première mondialisation, une Europe conquérante presque par hasard
1. La soumission du Nouveau Monde
• Dans les Amériques, après les premiers explorateurs, viennent les conquérants et les missionnaires. Mais ils ont été précédés par un terrible « choc microbien ». Les maladies européennes ont franchi l'Atlantique avec les caravelles de Christophe Colomb et des autres navigateurs : la variole en particulier est très meurtrière. Les historiens pensent que des millions d'Amérindiens sont morts avant que les petits groupes armés des conquistadores espagnols comme Hernán Cortés (Empire aztèque) et Francisco Pizarro (Empire inca) ne se lancent dans la conquête.
• Les conquistadores sont des soldats, des aventuriers portés par la soif de l'or et des honneurs (mythe de l'Eldorado). Ils arrivent dans des empires affaiblis par les épidémies et les troubles politiques (guerres civiles). Ils profitent de la situation pour passer des alliances avec des Amérindiens qui vont les aider à renverser les pouvoirs en place : sans cette aide et sans les problèmes internes, quelques centaines d'hommes n'auraient pu conquérir de tels empires.
• Cortez détruit Tenochtitlán (actuel Mexico), la capitale de l'Empire aztèque en 1521. Peuplée de 300 000 habitants, elle dominait un empire peuplé de 25 millions de personnes. Pizarro s'empare de Cuzco, capitale de l'Empire inca en 1533.
2. L'entrée dans la course de nouvelles puissances
• Au xvie siècle, le roi de France tente lui aussi de prendre possession de territoires en Amérique. Le voyage de Jacques Cartier vers le Québec en 1534 ne conduit toutefois pas à l'établissement d'une colonie de peuplement avant le xviie siècle. L'installation de protestants français au Brésil pendant les guerres de religion se solde par un échec face aux Portugais.
• Les Anglais et les Hollandais réussissent à s'établir respectivement en Amérique du Nord et dans le Sud-Est asiatique.
3. Le développement de sociétés coloniales tournées vers les échanges et le commerce avec l'Europe
• Les Espagnols et les Portugais cherchent à créer de grandes plantations pour produire les denrées tropicales dont la demande augmente en Europe (comme le sucre). Ils organisent aussi des ports et des comptoirs pour exporter vers l'Europe leurs produits et importer des produits de fabrication européenne.
• Pour cela, ils ont besoin de main-d'œuvre et les Amérindiens sont trop peu nombreux. C'est pourquoi les Portugais organisent les traites d'esclaves africains vers l'Amérique du Sud (Brésil).
• Avec les échanges culturels, le savoir passe d'une civilisation à l'autre. Dans ces régions du monde, le métissage se répand entre Noirs et Blancs (métis), mais aussi entre Noirs et autochtones. Une nouvelle culture et une nouvelle société marquées par ce métissage apparaissent.Exercice n°3
III. La découverte de nouveaux territoires et de nouvelles civilisations
1. Quel statut pour les peuples non européens ?
• À la fin du xvie siècle, les Européens ont exploré de nombreuses régions du monde et rapportent en Europe des objets. Ils amènent aussi des hommes… pour les exhiber dans les cours royales.
• Dans un monde très chrétien, le contact avec ces nouvelles civilisations provoque de tumultueux débats en particulier au sein de l'Église catholique espagnole : les colons ont-ils le droit d'exploiter des Amérindiens considérés comme des esclaves (même si l'esclavage des Indiens est officiellement aboli en 1542) ? Lors de la « controverse de Valladolid » entre 1550 et 1551, le dominicain Bartolomé de Las Casas défend en vain la cause indienne.
2. Une meilleure connaissance du monde
• La connaissance du monde s'améliore : des missionnaires jésuites portugais fondent une église au Japon à la fin du xvie siècle et en Chine. Les premiers dictionnaires traduisant le japonais et le chinois sont écrits.
• Des comptoirs commerciaux sont fondés sur les côtes africaines et indiennes. Pourtant, de nombreux territoires non explorés restent en blanc sur les cartes (terra incognita), comme le centre de l'Afrique, l'Océanie… Il faudra attendre la seconde moitié du xixe siècle pour que l'exploration du monde par les Européens soit presque complète.
3. Une expansion incomplète et limitée
• Toutefois, cette expansion européenne connaît des limites. En 1433, la Chine se ferme aux Occidentaux et le Japon fait de même, et de façon encore plus hermétique, à partir de 1629, afin d'éviter la mise sous tutelle économique et d'enrayer la progression du christianisme dans le pays.
• De plus, l'Europe reste menacée par l'Empire ottoman, dont les troupes assiègent Vienne en 1529 et en 1683. Malgré la victoire navale des troupes mobilisées par le pape contre les Ottomans à Lépante en 1571, les corsaires perpètrent des actes de piraterie en Méditerranée, réduisant en esclavage les Européens capturés à cette occasion. Par ailleurs, les États musulmans pratiquent également (comme les Européens en Afrique de l'Ouest et centrale) la traite des esclaves en Afrique orientale.Exercice n°4Exercice n°5
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