Corrigé
En 1991, les États-Unis sortent vainqueurs de la guerre froide. Ce conflit idéologique sans affrontement direct opposait le modèle américain, capitaliste et libéral, au modèle soviétique. Après la chute de l'URSS, les États-Unis deviennent la seule superpuissance mondiale. En effet, ce pays est alors le seul à cumuler tous les attributs de la puissance, lui permettant d'avoir un rayonnement et une influence au niveau mondial. Cependant, dans un monde de plus en plus multipolaire depuis les années 2000, les États-Unis doivent faire face à l'émergence de nouvelles puissances et à une montée des contestations de leur modèle. Face à cette nouvelle conjoncture s'opèrent une réaffirmation du hard power (force de coercition : champs diplomatiques, militaires et économiques) et une redéfinition du soft power (rayonnement culturel, force d'influence) américain. Quels sont les différents aspects de la puissance des États-Unis d'Amérique aujourd'hui ? Nous aborderons d'abord les champs diplomatiques et militaires, puis les champs économiques et financiers et enfin les champs culturels qui caractérisent la puissance américaine.
Dans un premier temps, les champs diplomatiques et militaires participent de la réaffirmation du hard power américain.
D'abord, la diplomatie américaine joue un rôle majeur dans l'affirmation de sa puissance. Les États-Unis possèdent le premier réseau diplomatique du monde et une place de premier plan dans les organisations internationales. Les sièges du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale se situent à Washington, capitale politique des États-Unis. Le siège de l'Organisation des Nations unies est à New York.
Cela dit, malgré sa participation aux grandes organisations internationales, la politique étrangère américaine est marquée par une tendance à l'unilatéralisme et l'isolationnisme. Par exemple, en 1997, les États-Unis refusent de signer le protocole de Kyoto. L'année suivante, ils refusent de ratifier le statut de la Cour pénale internationale. L'élection de Barack Obama en 2008 inscrit les États-Unis dans une politique davantage ouverte à la coopération et au dialogue entre États. Cependant, l'unilatéralisme de l'actuel président Donald Trump se traduit par son slogan de campagne, « America First » ; il décide d'ailleurs le retrait des accords de Paris sur le climat en 2017. Sa volonté d'isolationnisme (autrement dit de désengagement des affaires du monde) apparaît dans le retrait américain de certaines organisations internationales, comme l'Unesco.
Par ailleurs, les États-Unis possèdent une force considérable : il s'agit en effet de la première puissance militaire mondiale. Le budget consacré aux dépenses militaires est le plus important du monde, et il a encore augmenté depuis l'élection de Trump en 2016, ce qui témoigne d'une volonté de réaffirmation du hard power. L'armée américaine bénéficie d'un arsenal stratégique très supérieur à celui des autres pays qui détiennent l'arme nucléaire, qui est un héritage de la guerre froide. Le système d'alliances des États-Unis, au sein de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), est lui aussi hérité de la guerre froide. L'armée américaine est la première au monde par son avance technologique (avec par exemple les drones de combat). En outre, elle se déploie à l'échelle planétaire grâce aux 800 bases militaires américaines présentes sur tous les continents et océans.
Enfin, les Américains interviennent régulièrement dans les affaires extérieures, ce qui leur vaut le surnom de « gendarmes du monde ». Dans le cadre de l'ONU, ils ont mené plusieurs actions multilatérales, comme lors de la guerre du Golfe en 1990-1991 ou en Afghanistan en 2001. Cela dit, depuis l'attentat du 11 septembre 2001, les guerres américaines sont surtout menées contre le terrorisme islamiste, parfois unilatéralement. C'est le cas de leur intervention en Irak en 2003 pour renverser le régime de Saddam Hussein, effectuée sans l'accord de l'ONU. Ces interventions unilatérales, couplées à la pratique de la torture par l'armée américaine, provoquent un profond ressentiment antiaméricain, notamment dans le monde musulman.
Dans un deuxième temps, la superpuissance américaine se caractérise également par les champs économiques et financiers.
Par ailleurs, les États-Unis sont la première puissance économique mondiale. Cette puissance se fonde sur un vaste territoire aux ressources abondantes et diversifiées. En effet, les États-Unis sont le 4e plus vaste pays au monde, ouvert sur trois océans. De ce fait, ce pays est par exemple la première puissance agricole mondiale et le premier producteur de pétrole au monde.
Malgré la crise de 2007, les États-Unis bénéficient d'un dynamisme économique exceptionnel. Ils produisent 25 % du PIB mondial en 2018. Ce pays est le premier pôle mondial de l'innovation dans les sciences et les hautes technologies. Ainsi, la Silicon Valley, dans la baie de San Francisco, est un pôle d'industries de pointe qui accueille de nombreux clusters ainsi que les géants du numérique Google, Apple, Facebook et Microsoft (GAFAM).
Cela dit, les États-Unis doivent de plus en plus composer avec l'émergence de nouvelles puissances économiques dans le cadre d'un monde devenu multipolaire. Ils doivent notamment faire face à la concurrence de la Chine, dont l'essor économique fulgurant a permis de décrocher la 2e place dans la hiérarchie des puissances économiques mondiales. Face à la menace de perdre son hégémonie, diverses stratégies sont menées par les États-Unis : Obama déclare que le pivot stratégique américain est dorénavant en Asie-Pacifique, tandis que l'administration Trump déclenche en 2018 une « guerre commerciale » avec la Chine, en imposant des droits de douane sur les importations chinoises pour ralentir son expansion. Il reste que les relations entre les deux puissances sont marquées par une forte interdépendance dans le cadre de la mondialisation.
Les États-Unis sont également une puissance financière inégalée. D'abord du fait de la suprématie mondiale du dollar américain, qui conserve un rôle clé dans le commerce international. Il s'agit de la première monnaie de réserve mondiale : les différentes banques centrales nationales font majoritairement des réserves en dollar.
En outre, la New York Stock Exchange, autrement appelée bourse de Wall Street, est la 1re place mondiale en capitalisation boursière. De ce point de vue, New York est bien la capitale de la finance mondiale : Wall Street héberge ainsi la cotation des plus grandes sociétés américaines, comme Coca Cola ou IBM.
Cela dit, la superpuissance américaine montre là encore des signes de faiblesse : la dette publique des États-Unis est d'un montant faramineux. La Chine est à l'heure actuelle son premier créancier, ce qui représente une arme de poids dans la guerre commerciale amorcée entre les deux puissances.
Enfin, si le hard power américain est en cours de réaffirmation et doit composer avec l'émergence de nouvelles puissances, son soft power contribue largement à son rayonnement.
D'abord, depuis la Seconde Guerre mondiale et davantage encore après la guerre froide, les États-Unis ont diffusé leurs valeurs et leur mode de vie. L'american way of life se caractérise par la consommation de masse et le bonheur matériel, la restauration rapide (fast food), l'usage intensif de l'automobile et la multiplication des lotissements périurbains.
Ce mode de vie est véhiculé par de puissants canaux de diffusion : par exemple, Hollywood attire 90 % des bénéfices mondiaux de l'industrie du cinéma. En outre, la domination mondiale de la langue anglaise, employée comme langue véhiculaire, aide fortement à relayer ce modèle, ainsi que les valeurs américaines de propriété privée, de libre entreprise et de bonheur matériel.
En outre, le pays lui-même est extrêmement attractif. D'abord parce qu'il est un pôle universitaire de rayonnement planétaire. En effet, les États-Unis dominent dans la production intellectuelle mondiale : les universités américaines occupent 8 des 10 premières places mondiales, selon le classement de l'université de Shanghai. Des lieux de recherche comme Harvard (1re université du classement) ou le Massachussetts Institute of Technology (4e université du classement) à Boston attirent des étudiants du monde entier. Le brain drain assure un afflux constant de jeunes gens venus se former dans un pays qui est le premier pôle d'immigration au monde.
Les États-Unis attirent également de nombreux visiteurs de passage : c'est la 3e destination mondiale du tourisme international. Ses célèbres paysages (gratte-ciel de New York, Grand Canyon, Yellowstone…) et ses grands complexes d'attraction (Disneyland Resort, Disney World…) sont particulièrement attractifs.
Cependant, le soft power américain rencontre des limites : l'image américaine a souffert de la longue guerre en Irak, de la pratique de la torture par l'armée ou plus récemment de l'isolationnisme de Donald Trump.
En outre, il existe des contre-modèles qui remettent en question l'hégémonie culturelle américaine : un fort sentiment d'antiaméricanisme existe au Moyen-Orient et dans certains États d'Amérique latine, tandis que le socialisme de marché chinois s'impose comme une alternative en Asie.
Pour conclure, les États-Unis ont encore aujourd'hui tous les attributs de la puissance : ils possèdent le premier réseau diplomatique, la première armée du monde, une hégémonie en matière économique, financière et culturelle. Les États-Unis sont donc une superpuissance, qui doit cependant composer avec l'émergence de pays comme la Chine sur la scène économique mondiale. Les grands enjeux du xxie siècle que sont le terrorisme et la question climatique représentent également un défi qui reste largement à relever.