La Chine : des ressources et des environnements sous pression
Fiche
L'émergence de la Chine et les recompositions territoriales qu'elle connaît ont de profondes conséquences sur les ressources et l'environnement. La croissance chinoise est fondée sur une production industrielle qui met en jeu d'importantes quantités de matières premières énergétiques et de minerais. Si la Chine importe la plupart des hydrocarbures qu'elle consomme, elle exploite massivement le charbon, avec des conséquences importantes sur l'environnement. D'autres ressources sont largement disponibles, comme les « terres rares », le lithium par exemple, qu'elle exploite. L'apparition d'une classe moyenne et supérieure de plus en plus nombreuse entraîne également une explosion de la consommation intérieure, qui accroît encore la consommation de ces matières premières et la pression sur l'environnement. Quels sont les défis liés à l'environnement et aux ressources en Chine ? Quelles sont les perspectives d'un développement durable sur ces questions ?
I. Une croissance chinoise dépendante des matières premières
La croissance de la Chine est fondée sur des réserves importantes de matières premières, exploitées de manière intensive. Elles sont toutefois insuffisantes dans certains domaines, obligeant à recourir aux importations.
1. Des ressources minières importantes
• Les ressources du sous-sol chinois sont très importantes. Elles sont situées dans plusieurs régions, essentiellement au nord et à l'ouest du territoire. Elles ne sont donc pas situées dans la Chine littorale, qui profite le plus de l'émergence et de l'intégration à l'espace mondial. Leur exploitation demande donc une approche territoriale différente.
• Du point de vue des matières premières énergétiques, la Chine est au troisième rang des réserves mondiales de charbon. Elle exploite cette ressource de manière intensive, puisqu'elle est le premier producteur et le premier consommateur mondial. Le recours au charbon diminue la dépendance énergétique. Elle alimente les grandes zones industrielles, surtout dans le nord du pays, en Mandchourie, ainsi que la production électrique nécessaire aux grandes métropoles : 68,7 % de l'électricité du pays provient du charbon et le pays extrait 3,9 milliards de tonnes par an. Du point de vue des hydrocarbures, le pays possède d'importantes ressources en gaz et en pétrole, étant respectivement 12e et 13e producteur mondial. Les gisements de gaz se trouvent plutôt dans le centre du pays, ceux de pétrole, surtout dans l'Est, mais aussi, pour les réserves supposées les plus importantes, dans le Xinjiang.
• Du point de vue des terres rares, la Chine est le premier producteur mondial et possède les plus importantes ressources de la planète. Ceci lui confère un avantage dans le domaine de la production de haute technologie, ces produits étant nécessaires pour réaliser des batteries, des écrans et autres éléments entrant dans la composition des ordinateurs, téléphones et véhicules électriques qui sont autant d'éléments stratégiques.
2. Des ressources énergétiques insuffisantes
• Cependant, certaines de ces ressources sont insuffisantes, en particulier les hydrocarbures. Malgré les réserves et leur exploitation, et même si le charbon tient une place décisive, l'émergence de la circulation automobile liée à l'apparition d'une classe moyenne qui accède à l'achat d'un véhicule conduit la Chine à importer une part importante de sa consommation. Tant en pétrole qu'en gaz, le pays est le premier importateur mondial et sa dépendance énergétique atteint parfois plus de 60 % de sa consommation.
3. Les ressources agricoles
• Devant nourrir une population de près de 1,4 milliard d'individus, la Chine doit également répondre au défi de la production alimentaire. En riz et en blé, bases de son alimentation, le pays est à peu près autosuffisant. Même si la population a cessé de s'accroître, suite à la politique de l'enfant unique menée depuis les années 1970, puis aux effets de la croissance économique (le taux de fécondité diminuant dans la part de la population accédant à un niveau de vie comparable à celui d'un pays industriel développé) et qu'elle devrait même diminuer suite à son vieillissement, les besoins alimentaires se sont accrus.
• L'urbanisation et la modification des modes de vie ont transformé la question de l'alimentation : l'autosuffisance quantitative évolue vers des besoins qualitatifs. Les classes moyennes supérieures (environ 132 millions de personnes) sont ainsi d'importantes consommatrices de viande et de produits laitiers. Là encore, le pays a longtemps répondu par des importations, qui se montaient à 65 milliards de dollars en 2017. Il se tourne aujourd'hui vers des solutions consistant à contrôler d'autres zones de productions, parfois situées en dehors du pays, à diversifier ses approvisionnements et à investir des capitaux dans des FTN du secteur de l'agroalimentaire.
II. Les défis environnementaux
Les défis énergétiques se doublent de défis environnementaux.
1. Les risques naturels
• Les risques naturels, en Chine, sont importants et peuvent constituer un défi face à la concentration toujours plus importante de la population dans l'est du pays. Une grande partie du pays est située dans une zone sismique.
• Le littoral peut être frappé par de violentes tempêtes entraînant les crues des fleuves. Le réchauffement climatique constitue une menace pour les espaces littoraux confrontés à la montée du niveau de la mer.
2. Les défis environnementaux de la croissance
• La croissance et la concentration de la population posent d'autres questions. Ainsi, le nord-est de la Chine est en situation de pénurie d'eau. Moins arrosée que le Sud et confrontée à une pollution des nappes phréatiques, cette région comporte à la fois une population très nombreuse, des zones industrielles consommatrices en eau et de vastes terres agricoles irriguées.
• Ces régions bénéficient aujourd'hui de transferts d'eau depuis le Sud. Cette irrigation a nécessité la réalisation d'importants canaux ainsi que de barrages. Ces derniers ont également un rôle énergétique. On peut citer le barrage des Trois Gorges, achevé en 2012 et qui a créé une retenue d'eau de 600 km de longueur.
• La croissance chinoise a un impact important sur l'environnement. Le choix du charbon conduit à une importante pollution atmosphérique dans les zones industrielles et urbaines. Il faut ajouter à cela le recours massif à l'automobile. L'accession à la consommation d'une part de la population plus importante et l'intensification de l'urbanisation dans des cités où les transports en commun sont insuffisants conduisent à des situations de pollution très préoccupantes. On est ainsi passé de 40 millions de véhicules en 2000 à 217 millions en 2017.
3. Des environnements fragilisés
• La question des déchets est également préoccupante, en absence de solution efficace de recyclage. Les eaux polluées par les rejets urbains, industriels et agricoles ne sont que rarement traitées et contribuent à la pollution des nappes phréatiques et des cours d'eau.
• Quant à l'agriculture, elle a été pratiquée souvent de manière productiviste et sur des sols fragiles, particulièrement dans le centre et l'Ouest, qui présentent un risque de désertification.
III. La prise en compte de ces défis pour garantir le développement ?
1. Des mesures de protection
• La Chine est donc placée face au défi du développement durable : pour pérenniser sa croissance, elle doit trouver des solutions aux questions des ressources et de l'environnement. Depuis quelques années, des mesures ont été prises afin d'apporter des solutions à certaines formes de pollution.
• En 2017, certaines usines polluantes ont été fermées à Pékin et des incitations à passer du chauffage au charbon au chauffage électrique ont été prises. On constate ainsi une certaine diminution des épisodes de pollution intense à Pékin.
• Le gouvernement a également pris des mesures destinées à favoriser les énergies renouvelables, qui atteignent 9,2 % du total et 20 % de la production électrique, le pays ayant le plus grand parc hydroélectrique et le plus grand parc éolien au monde. Toutefois, l'emprise du charbon et des énergies fossiles reste dominante.
2. Un nouveau rapport à l'environnement
• Dans les villes chinoises, une partie des classes aisées commence à prendre conscience de l'urgence environnementale. Quelques effets, ponctuels, commencent à se traduire dans les villes. On note par exemple la multiplication des écoquartiers, comme à Shanghai avec le quartier de Yangpu, destiné à la fois à être un espace résidentiel et un technopôle.
• Dans les campagnes, des opérations de reforestation ont eu lieu. C'est le cas de l'opération « grande muraille verte » destinée à lutter contre l'avancée du désert de Gobi dans le nord du pays, censée s'étendre sur plus de 4 000 km et compenser en partie les émissions en CO2 du pays et dont le succès est discuté.
3. Une géopolitique des ressources ?
• La question des ressources et la meilleure prise en compte de l'environnement en Chine sont également des questions géopolitiques. Afin d'éviter une trop importante dépendance énergétique, la Chine a diversifié ses approvisionnements : elle accorde à des pays comme l'Angola une part importante de ses importations pour limiter sa dépendance aux pays du Golfe, par exemple. La politique d'investissement en Afrique, associée aux « nouvelles routes de la soie » et à la stratégie du Collier de perles, a pour but de garantir et sécuriser les approvisionnements.
• Dans le domaine des terres agricoles, la Chine pratique le land grabbing, principalement en Afrique et en Amérique latine. En 2012, on comptait déjà 9 millions d'hectares acquis par des entreprises chinoises. Celles-ci investissent également dans le secteur agroalimentaire en Europe. Toutefois, elle se trouve en concurrence avec d'autres grandes puissances sur ce même secteur. Cette politique de land grabbing ne peut donc garantir à long terme et absolument l'autosuffisance alimentaire de la Chine.
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