Sans la refuser, sachez maîtriser votre
émotivité !
Elles vont, viennent, nous étreignent,
parfois nous submergent… Difficile de dire ce qui provoque
en nous des émotions. Souvent inattendues,
elles nous procurent des sensations fortes mais
peuvent également se révéler
paralysantes et nous faire perdre nos moyens.
Voici donc quelques conseils pour mieux comprendre le
fonctionnement des émotions et parvenir à
maîtriser son émotivité.
1. Comment naissent les
émotions ?
Une émotion est déclenchée
par une situation, une sensation, ou même seulement une
pensée. Ce stimulus provoque un signal
nerveux qui atteint une partie du cerveau appelée
système limbique, et plus précisément un
groupe de neurones qui constitue l'amygdale
(à ne pas confondre avec les amygdales de la gorge qui ne
jouent absolument aucun rôle dans la naissance des
émotions !).
C'est donc dans le cerveau que s'élabore la réponse qui va être diffusée à notre corps par des neurotransmetteurs, ces substances chimiques chargées de transmettre l'information d'un neurone à l'autre.
C'est donc dans le cerveau que s'élabore la réponse qui va être diffusée à notre corps par des neurotransmetteurs, ces substances chimiques chargées de transmettre l'information d'un neurone à l'autre.
Selon l'endroit où se porte l'influx
nerveux, les réactions physiques sont bien
différentes : le cœur crée des
palpitations, les vaisseaux capillaires nous font rougir ou
blêmir, le cervelet peut provoquer des
tremblements…
Ainsi, nous ne réagissons pas tous de la même manière ni avec la même intensité. L'histoire personnelle de chacun entre ici en ligne de compte, en fonction des événements qui nous ont marqués, ou de l'influence de nos proches qui peuvent placer de grandes attentes en nous.
Ainsi, nous ne réagissons pas tous de la même manière ni avec la même intensité. L'histoire personnelle de chacun entre ici en ligne de compte, en fonction des événements qui nous ont marqués, ou de l'influence de nos proches qui peuvent placer de grandes attentes en nous.
2. De l'intérêt de
maîtriser ses émotions…
Il ne s'agit pas de contrôler ses
émotions pour les faire disparaître, mais de faire en
sorte qu'elles ne vous empêchent pas d'agir
comme vous êtes capable de le faire habituellement. En effet,
les émotions provoquent parfois des réactions
involontairement violentes : mains moites, jambes
flageolantes, bafouillage voire impossibilité de prononcer
le moindre mot… Dès lors, l'esprit n'est plus
concentré sur ce qu'il doit dire ou faire, mais uniquement
tourné vers cette émotion, ce qui induit en
général des pensées
dévalorisantes : c'est le cercle vicieux !
Au mieux gênant, ce genre de situation
peut se révéler vraiment handicapant, dans une
situation d'examen par exemple. En particulier, c'est souvent
à l'oral que les candidats ressentent des blocages car il
faut faire face au regard de l'examinateur ou du public :
celui-ci peut en effet provoquer des réactions physiques
fortes dans la mesure où chaque signe est
interprété. Derrière ces émotions, il y
a la peur d'être jugé et de
déplaire.
3. … et de la façon de le
faire
Psychologue et coach, Bernard Sananès
travaille notamment sur la gestion des émotions. Auteur d'un
ouvrage intitulé 101 bonnes façons
d'apprivoiser son émotivité
(InterÉditions, 2006, 22 €), il nous livre
quelques conseils.
« La première chose à
faire est de retrouver physiquement sa
maîtrise, sans se préoccuper de sa
performance mentale : respirez
profondément et pensez à détendre vos
muscles. » Il s'agit également de reprendre
conscience de son corps, par exemple « en se concentrant
sur la plante de ses pieds, de manière à ressentir
l'enracinement dans le sol : à cette stabilité
physique viendra répondre une stabilité
mentale », explique Bernard Sananès, qui
suggère aussi, quand on est assis, de poser calmement ses
deux mains sur la table pour acquérir cette sensation
de stabilité.
D'autre part, il faut dans la mesure du possible
occuper son esprit et penser pendant un moment
à autre chose qu'à la situation angoissante. On peut
ainsi regarder autour de soi, se décrire
mentalement la salle dans laquelle on se trouve, ou bien
détailler la façon dont son interlocuteur est
habillé. L'essentiel est de « se
familiariser avec les lieux, de regarder l'autre comme quelqu'un
d'accessible, indique Bernard Sananès : il
faut que le moment que l'on est en train de vivre n'apparaisse pas
comme exceptionnel car c'est souvent la nouveauté,
l'inattendu qui provoque des émotions fortes que l'on ne
parvient pas à contrôler ».
Quand on se trouve en face d'une personne qui parle, on peut également l'écouter en s'attachant à reformuler ce qu'elle dit : cela permet non seulement de fixer son attention sur autre chose que sur la peur ressentie, mais aussi de clarifier ses idées tout en donnant à l'autre le sentiment que l'on essaie de comprendre au mieux ses propos.
Ainsi, comme le dit Bernard Sananès, « toutes les activités rationnelles vont dans le bon sens. En effet, plus on est rationnel, moins on est émotionnel. Autrement dit, plus vous pensez, moins vous êtes ému ! ».
Quand on se trouve en face d'une personne qui parle, on peut également l'écouter en s'attachant à reformuler ce qu'elle dit : cela permet non seulement de fixer son attention sur autre chose que sur la peur ressentie, mais aussi de clarifier ses idées tout en donnant à l'autre le sentiment que l'on essaie de comprendre au mieux ses propos.
Ainsi, comme le dit Bernard Sananès, « toutes les activités rationnelles vont dans le bon sens. En effet, plus on est rationnel, moins on est émotionnel. Autrement dit, plus vous pensez, moins vous êtes ému ! ».
Autre « truc » de
psychologue : relativiser. Est-ce vraiment si
terrible ? Quels véritables enjeux cette situation
représente-t-elle pour moi ? Voilà des questions
qui aident à recadrer les choses, à leur redonner la
place réelle qu'elles méritent.
Dans la même perspective, on peut repenser à des situations similaires que l'on a vécues et que l'on est parvenu à dépasser. De petites réussites qui amènent à se dire : « je peux m'en sortir ». Mais s'il est nécessaire de retrouver confiance en soi, à l'inverse, il faut également accepter l'éventualité d'un échec. Et prendre conscience que personne n'est parfait !
Dans la même perspective, on peut repenser à des situations similaires que l'on a vécues et que l'on est parvenu à dépasser. De petites réussites qui amènent à se dire : « je peux m'en sortir ». Mais s'il est nécessaire de retrouver confiance en soi, à l'inverse, il faut également accepter l'éventualité d'un échec. Et prendre conscience que personne n'est parfait !
4. Les comédiens, des pros de la
maîtrise des émotions
Denis Diderot, peint par Louis-Michel van Loo
en 1767
S'ils ont souvent le trac avant d'entrer sur
scène, les comédiens contrôlent leurs
émotions quand ils jouent, afin de les transmettre au public
et d'incarner leur personnage de manière crédible.
Mais ressentent-ils vraiment des émotions ou bien les
simulent-ils ?
Ce vieux débat a été clairement formulé au XVIIIe siècle par Denis Diderot dans Le Paradoxe sur le comédien. Contre l'opinion courante, l'écrivain et philosophe soutient que, pour être convaincant, le comédien doit faire preuve de sang froid et reproduire de façon consciente les passions de son personnage, et non les ressentir lui-même, ce qui l'amènerait à les subir :
« Mais quoi ? dira-t-on, ces accents si plaintifs, si douloureux, que cette mère arrache du fond de ses entrailles, et dont les miennes sont si violemment secouées, ce n'est pas le sentiment actuel qui les produit, ce n'est pas le désespoir qui les inspire ? Nullement ; et la preuve, c'est qu'ils sont mesurés ; qu'ils font partie d'un système de déclamation ; que plus bas ou plus aigus d'une vingtième partie d'un quart de ton, ils sont faux ; qu'ils sont soumis à une loi d'unité ; qu'ils sont, comme dans l'harmonie, préparés et sauvés : qu'ils ne satisfont à toutes les conditions requises que par une longue étude. »
Ce vieux débat a été clairement formulé au XVIIIe siècle par Denis Diderot dans Le Paradoxe sur le comédien. Contre l'opinion courante, l'écrivain et philosophe soutient que, pour être convaincant, le comédien doit faire preuve de sang froid et reproduire de façon consciente les passions de son personnage, et non les ressentir lui-même, ce qui l'amènerait à les subir :
« Mais quoi ? dira-t-on, ces accents si plaintifs, si douloureux, que cette mère arrache du fond de ses entrailles, et dont les miennes sont si violemment secouées, ce n'est pas le sentiment actuel qui les produit, ce n'est pas le désespoir qui les inspire ? Nullement ; et la preuve, c'est qu'ils sont mesurés ; qu'ils font partie d'un système de déclamation ; que plus bas ou plus aigus d'une vingtième partie d'un quart de ton, ils sont faux ; qu'ils sont soumis à une loi d'unité ; qu'ils sont, comme dans l'harmonie, préparés et sauvés : qu'ils ne satisfont à toutes les conditions requises que par une longue étude. »
À l'inverse, pour les théoriciens
de l'Actors Studio, un mouvement né aux
États-Unis à la fin des années 1940, le
comédien doit puiser en lui-même des
émotions et les ressentir vraiment pour être
à même de les transmettre au public.
Dans tous les cas, quelle que soit la position
que l'on adopte dans ce débat, il reste certain que
la pratique théâtrale aide à
acquérir de l'assurance. Bien souvent, les
personnes timides parviennent ainsi à se libérer et
apprennent à maîtriser leur parole, leur corps et
leurs émotions. S'habituer au regard des autres quand on est
sur scène permet dès lors de moins craindre
cette situation dans la vie quotidienne.
Le saviez-vous ?
Les parents se plaignent parfois des réactions agressives de leurs enfants à l'adolescence. D'après des chercheurs américains et australiens, ces sautes d'humeur seraient dues au fait que certaines parties du cerveau, responsables du contrôle des émotions fortes, ne sont pas encore arrivées à maturité. En proportion, l'amygdale, centre des émotions, est plus grande que la moyenne, d'où l'agressivité manifestée. Le cerveau peut en effet continuer à se développer jusqu'à l'âge de 20 ans.
Les parents se plaignent parfois des réactions agressives de leurs enfants à l'adolescence. D'après des chercheurs américains et australiens, ces sautes d'humeur seraient dues au fait que certaines parties du cerveau, responsables du contrôle des émotions fortes, ne sont pas encore arrivées à maturité. En proportion, l'amygdale, centre des émotions, est plus grande que la moyenne, d'où l'agressivité manifestée. Le cerveau peut en effet continuer à se développer jusqu'à l'âge de 20 ans.